L’histoire de la découverte et de l’équipement de ce site fait l’objet d’un livre en cours d’édition :
Même les chameaux meurent de soif – par Anne de Bélinay
EXTRAIT
« C’est un retour. Nous revenons en Mauritanie. Lors de notre dernier séjour, il y a quatre mois, en oct 2019, circuit à pied dans les dunes autour de la cité millénaire de Chinguetti, l’évocation de Ben Amira a ressurgit de la mémoire de Jean-Louis. Dans les années 1980, il avait entendu parler d’un monolithe en plein désert. A l’époque, trentenaire, il descendait tout seul vendre des motos au Mali. Une fois il s’était éloigné de la piste, à la recherche du mythique rocher, mais ne l’avait pas trouvé, pas plus que Monod et sa mythique météorite !
Trente ans plus tard, comme un vieux fantasme, Jean-Louis s’interroge sur ce rocher perdu en plein désert. Passage obligé : Internet. Il existe bel et bien et est décrit comme le troisième plus haut monolithe du monde après les imposants Uluru et le mont Augustus en Australie. Uluru, également appelé Ayers Rock est situé lui aussi au milieu d’un désert, au cœur de l’Outback. Ayers Rock, haut de 348 mètres attirait grimpeurs et randonneurs du monde entier. Les uns effectuaient son ascension par un « chemin » aménagé avec piquets et rampes, les autres par des voies sportives d’escalade.
Pourquoi Ben Amira n’attire-t-il pas les grimpeurs du monde entier ?
En 2019, lassés par près de 50 000 visiteurs par an arpentant ses flancs, les aborigènes Anangu ont obtenu l’application de l’interdiction d’accès sur leur montagne qu’ils considèrent comme sacré et qu’ils vénèrent depuis des dizaines de milliers d’années.
Mais au Nord de la Mauritanie, il y aurait un monolithe encore plus haut que le plus haut du monde ! Ben Amira s’élèverait à 550 mètres par rapport au niveau de la mer mais à 440 mètres au-dessus du désert (d’après les courbes de niveau (…)
De quel type de roche peut-il s’agir ? Grés, granit ?
Certains éléments nous poussent à croire que Ben Amira serait en granit et donc que l’ouverture de voies en escalade sportive s’avèrerait possible.
Uluru est en grès. Le granit est plus dense que le grès. « Notre » rocher est peut-être le plus haut mais aussi le plus lourd du monde ? Et si nous lancions un buzz autour de « notre » Rocher ?
C’en est assez pour que notre imagination s’enflamme.
Depuis notre premier séjour en Mauritanie en octobre 2018 et les quelques informations que nous avons pu glaner sur son emplacement, nous n’avons récolté que peu de renseignements sur Ben Amira ou Ben Amera malgré de nombreuses soirées passées devant nos écrans, sur les sites en français mais aussi en anglais et en espagnol. De rares photos, une ou deux vidéos amateurs du tour du monolithe en 4×4 nous laissent toutefois espérer le meilleur. Pratiquement rien sur le monolithe voisin Aïcha. »
(…)
Ces informations nous mettent en joie et nous commençons à rêver sérieusement de belles envolées sur des dalles vierges, inexplorées.
Et si personne n’était jamais monté ? Et si c’était une première ?
Je réalise devant l’exaltation de mes compagnons, à quel point c’est un rêve inaccessible, comme un fantasme pour un grimpeur de découvrir un endroit totalement inexploré. Au mieux ils trouvent un espace non équipé à côté d’autres voies, éventuellement sur une face vierge, voire une montagne inviolée, mais pour un sommet anecdotique. Un rocher de cette ampleur, de 500 mètres de haut, totalement vierge, semble improbable, même pour le plus optimiste des ouvreurs ! De surcroit isolé en plein désert, cela semble illusoire, à peine plausible.
Et puis l’exaltation retombe : ce n’est certainement pas grimpable, impossible autrement, la gente grimpeuse est à l’affut de lieux aussi exceptionnels, elle serait déjà venue, nous aurions trouvé des articles dans la presse spécialisée. Ce type d’ouverture, on en parle et on s’en vante !
Pour nous ce n’est encore qu’un rêve, un rêve de grimpeur, un rêve de voyageur, un rêve d’ explorateur.
Aussi très vite il commence à prendre une place de plus en plus grande dans notre quotidien. La perspective de monter une expédition sur mesure au Sahara est déjà presque une utopie. La possibilité que s’y rajoute un rêve de grimpeur est une chimère. Mais Jean-Louis sait, depuis le temps qu’il organise des voyages escalade dans des endroits des plus invraisemblables, qu’ « Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d’oser les tenter. » (Werber)